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Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire de Clarence, le vilain poisson lion… Enfin pas si vilain que ça puisque Clarence est super joli, avec ses grandes ailes et sa gueule de félin, ses rayures marron ou rouge noires ou jaunes. Mais quand on sait que ses belles ailes colorées sont en fait un véritable arsenal d’épines empoisonnées (13 sur le dos, 4 sur le ventre), on se dit qu’il est vraiment vilain ! Bon, soit dit en passant, sur les étals des poissonniers, il est nettement moins beau. il ressemble plus à une vieille serpillère d’arrière-cours d’Ehpad qu’à un charmant poisson tropical,

En plus, Clarence n’a rien à foutre dans nos eaux, non mais dis donc (Marine sort de mon corps !).

La légende dit que c’est lors du passage du cyclone Andrew en 1992 que quelques spécimens se seraient échappés d’un aquarium en Floride… En plus, dans le super documentaire hautement scientifique signé Pixar, Némo et ses copains se sont tous échappés de leur aquarium, donc, c’est possible ! Bref, Clarence et ses potes se sont retrouvés en pleine mer, et comme ils étaient totalement inconnus des espèces endémiques et qu’ils sont vénimeux, ben aucun poisson ne s’est aventuré à les manger.

Pas de prédateur donc pour Clarence qui est exclusivement carnivore, très agressif et attaque directement les autres espèces. De plus, il a un gros appétit, il gobe tout ce qu’il trouve, et s’en met plein la lampe grâce à une technique bien particulière : il agite ses ailes, rote un bon coup, l’eau éjectée désoriente sa proie (aucune étude n’a été faite sur son haleine de chacal par contre…), il n’a désormais plus qu’à aspirer son déjeuner sans lui laisser aucune chance de se barrer. Clarence est un ventre sur patte, il gobe, gobe, gobe, son estomac peut se dilater jusqu’à 30 fois son volume… Il peut vivre 30 ans, tout le temps donc pour vider le garde-manger de nos océans. Certaines espèces de petits poissons ont vu leur population diminuer de 90% dans certaines zones de l’atlantique, à cause de l’appétit vorace de Clarence et de ses congénères… Autant dire que c’est énorme.

En plus de se goinfrer, Clarence est un chaud lapin… Il atteint la majorité sexuelle dès ses un an et la femelle peut pondre 30 000 œufs tous les 4 jours, tout au long de l’année. Va falloir se bouger pour éradiquer l’espèce, moi je vous le dis !

Depuis des années, la chasse à la Clarence est déclarée mais il fut bien l’avouer, un pêcheur qui trouve un poisson lion dans son filet préfère souvent le rejeter à l’eau plutôt que de risquer de se faire piquer. Pour l’homme, cette piqure n’est pas mortelle mais extrêmement douloureuse, alors, on le comprend le pêcheur !

Nous, les plongeurs, avons le droit de le chasser à l’aide d’une foène (sorte de flèche munie d’un élastique) et d’un gros tube qui permet de stocker le poisson en toute sécurité. Depuis quelques mois, on note un changement de comportement de Clarence vis-à-vis du plongeur chasseur : avant, le poisson lion restait placide et ne bougeait pas à l’approche de la foène et PAF, le plongeur pouvait le harponner. Maintenant, il se méfie le bougre, il se barre dès qu’il voit le bout de la flèche. Alors qu’on le trouvait dans les eaux peu profondes, il semblerait que le gaillard ait pris ses quartiers plus loin dans la zone des 30 mètres et plus, afin d’échapper aux chasses des bulleux. Pas con Clarence ! On peut aussi se demander de quelle manière les poissons arrivent à transmettre leur savoir, comment ont-ils appris à se méfier de l’homme ?

En tout cas, si vous arrivez à acheter du poisson lion pour votre déjeuner, n’hésitez pas, vous aiderez la nature à mieux se porter et vous vous régalerez, parce que le poisson lion, fiche c’est bon ! En tartare, en filet, juste snaké avec de l’ail et du persil, ou au lait de coco, c’est un délice. A votre tour de vous en mettre plein la panse !

Si vous le souhaitez, nous pourrons vous expliquer par une petite vidéo comment préparer un poisson lion sans vous blesser et en toute sécurité. Mais ça ce sera pour plus tard…

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