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Gooooood Morniiiiiiing Martinique !!!!!
Avant toute chose je voudrais remercier mon ami Pascal Kintz qui nous a fourni totalité des photos de ce jour.
Aujourd’hui je vais vous parler d’un animal sous-marin qui a envahi toutes les mers. Toutes ?? Bin oui… vous croyez quoi vous, le coup du village breton qui résiste toujours devant l’envahisseur, bin c’est de la flute.
Donc aujourd’hui, on va parler des nudibranches. Encore un animal inconnu de la plupart des humains, mais qui pourtant, gagnent à être connus. Ce sont des animaux marins au corps mou, de la famille des gastéropodes, comme les escargots quoi….
Alors, c’est tout petit, ça rampe, ça bave, du coup je voulais l’appeler Jacques, parce qu’il me rappelait un chef qu’a eu Eric dans les Ardennes, et puis ce dernier m’a dit que c’était des bébêtes qu’il adorait, qu’elles étaient superbes, et tout et tout… Pfffff, bon, du coup je vais l’appeler Horace. Horace la limace ça va bien non ?? C’est class Horace. Oui, bon, être de la famille des escargots et des limaces…. Franchement, ça fait pas très glamour et c’est pas très très class, je vous l’accorde. Et pourtant… et pourtant ces drôles d’animaux sont parmi les plus beaux spécimens que vous pourrez observer sous l’eau.
Un nudibranche, c’est donc une limace de mer avec des branchies externes (brankhia en grec) sur son petit corps tout nu, sans réelle protection, d’où son nom « nu »dibranche. A la différence des escargots, Horace ne promène pas sa maison sur le dos, et ça, c’est class !! Parce que de la classe il en a : Horace est certainement l’animal le plus recherché par les plongeurs amateurs de photos colorées et originales. Ce sont de véritables bijoux sous-marins.
C’est une grande famille puisqu’on recense plus de 3 000 espèces connues et on en découvre encore très régulièrement. Attardez-vous sur les photos vous verrez. Sa tête porte des yeux minuscules et très simples, au-dessus se trouvent des petits appendices qui ressemblent à des petites cornes (les rhinophores), ces organes vont permettre à Horace de détecter dans l’eau la trace de danger, de nourriture ou d’un partenaire. Sa taille va varier de quelques centimètres à des espèces pouvant mesurer 60 centimètres et peser plus d’1,5 kg… Imaginez là dans votre laitue, ça commence à devenir impressionnant.
La vie d’Horace est courte, de quelques semaines à une petite année, alors il n’a pas trop de temps à perdre. Mais il n’est pas bête Horace, vu sa faible durée d’existence, il va mettre en place un certain nombre de stratégies pour se reproduire, pour se nourrir et pour se défendre…
En ce qui concerne ses amours, Il va donc chercher « à l’odeur » un autre nudibranche. En effet Horace, tout comme les escargots ou les limaces, laisse derrière lui un mucus dont l’odeur est caractéristique et qu’il peut déchiffrer à l’envi. Ben oui, Horace ne peut pas s’inscrire sur AdopteUneLimace.com, du coup, il balance des effluves du meilleur goût.
Horace pue du mucus, et tous ses congénères en sont très heureux. En effet, ses douces effluves servent aussi à laisser un message à ses congénères pour les prévenir d’un danger, et là, ses copains se disent « Houllla ça sent pas bon c’t’histoire, on se barre ».
Mais revenons aux amours d’Horace, afin améliorer les chances de naissances, bin c’est facile, il sort son arme de reproduction massive : il est hermaphrodite. Du coup quand il coince un autre de ses congénères, ils se positionnent tête bêche et se refilent chacun leurs gamètes males. Faut vous faire un dessin ? Disons que les organes de reproduction du mâle se trouvent sur leur tête, les organes femelles à l’autre bout. Du coup… 69… (les parents, je vous laisse expliquer tout ça à vos mômes hein…)
Les nudibranches ne peuvent toutefois pas s’auto-féconder, ils sont doués mais faut voir à pas exagérer quand même. Malgré tout, Horace est capable de donner naissance à une progéniture sans partenaire. C’est ce qu’on appelle la parthénogénèse (ne cherchez pas dans le kama sutra hein) : les œufs se développent sans intervention d’un partenaire ce qui donne naissance à des clones de la limace mère.
La ponte classique se présente régulièrement comme un ruban, constitué de petites perles colorées. Une fois adolescents, les nudibranches perdent leurs coquilles et deviennent de jeunes limaces.
Aujourd’hui, ces petits mollusques sont sous la menace de l’acidification des océans. Le niveau de dioxyde de carbone océanique augmente de plus en plus et endommage les milieux tropicaux. Or, l’acidité excessive des eaux peut entrainer la dissolution prématurée de la coquille des larves des nudibranches et par conséquence, leur mort.
Pour se nourrir, Horace va se servir de sa langue excessivement râpeuse (la radula) il va pouvoir grignoter des éponges, des œufs de poissons (nan parce qu’on trouve rarement des œufs de poule sous l’eau), des gorgones, des méduses ou des coraux, mais aussi des algues. Le choix de sa nourriture va avoir plusieurs conséquences.
Tout d’abord, Horace, c’est un patient, entre une proie qui est à jeun et une proie qui vient de manger, pas d’hésitation, il va manger celle qui a terminé son repas. A choisir entre fromage ou dessert, il va choisir les deux. Je vous explique : une souris mange un bout de fromage, immédiatement après, le chat mange la souris, il va donc ingurgiter la bestiole, mais aussi le fromage que cette dernière n’aura pas encore digéré. Ben pour Horace, c’est pareil, il va manger sa proie mais profiter aussi des apports nutritifs du plancton qu’elle n’aura pas encore digéré. Au billard on appelle ça un coup en deux bandes.
Mais ce n’est pas terminé. Tout le monde sait que nous avons besoin d’énergie pour vivre. Un fruit, un carré de chocolat, un morceau de poulet…. Les plantes, qui ne peuvent se déplacer pour aller se faire cuire un plat de pâtes, vont utiliser le principe de la photosynthèse : elles vont transformer la lumière en énergie dans des petites cellules (les chloroplastes) et vont la transformer en sucre et donc en énergie. Les plantes savent le faire… les animaux non, nous, n’en parlons pas.
Et pourtant, certains nudibranches font encore mieux : l’Elysia chlorotica par exemple, qui est une petite limace de 2 à 3 cm vivant près des côtes est américaines va brouter durant deux semaines une algue particulière. Durant cette période, elle va se charger des chloroplastes de la plante qui vont tapisser son intestin et qui vont continuer leur travail en transformant la lumière en produit de la photosynthèse, c’est-à-dire en sucres. Ce nudibranche va donc arrêter de manger pour le reste de sa vie, alimenté par les apports en sucres de cette algue.
Bon en même temps il n’y a pas de quoi pavoiser, Horace ne vit pas très longtemps, ça va donc durer 10 mois.
Eric vient de s’évanouir en comprenant que certains animaux pouvaient vivre d’eau, de lumière et d’amour.
Bon, je sais que vous y avez tous pensé. Non, ce n’est pas parce que vous allez vous gaver d’algues magiques que vous allez pouvoir jeuner pendant des mois en devenant photosythétique. Des scientifiques continuent à étudier les raisons de cette assimilation, mais pour le moment… c’est pas gagné, tout cela reste un mystère. Pas demain la veille qu’on va sortir un bouquin sur les régimes miracles dédicacés par Horace la limace !
En ce qui concerne sa défense, Horace n’est pas manchot, il va mettre en œuvre deux stratégies, la première en rendant sa chair impropre à la consommation. Il a la possibilité de brouter des espèces urticantes ou lourdement chargée de toxines.
En faisant ça, Horace va en profiter pour stocker ces toxines et s’en servir comme défense. Et là, ça devient franchement malin. En effet, il serait contre-productif d’ingérer des toxines et de ne pas le faire savoir.
La double peine quoi, tu as mal au ventre en ingérant des toxines et en plus, tu te fais croquer puis recracher en piteux état parce que t’as le goût d’un cornichon avarié trempé dans un jus de chaussette confinée depuis 45 jours.
Du coup, le nudibranche va arborer de superbes couleurs vives qui vont prévenir les prédateurs du côté not tasty de la chose. Bon, vous allez me dire que de nombreux animaux vont faire la même chose, et vous auriez raison. A un petit détail près… Certains cousins de Horace, encore moins bêtes, se parent de couleurs chatoyantes signalant ainsi leur côté empoisonné et dangereux, alors qu’ils sont totalement inoffensifs… inoffensifs mais malins.
En plus de leurs couleurs superbes, certains nudibranches possèdent des espèces de grappes de tentacules disposées sur ses flans. Elles sécrèteront une toxine dans de petites glandes cutanées qui pourront provoquer des sensations de brulure si un prédateur venait s’y frotter. Ces divers appendices du corps et les tentacules peuvent facilement être régénérés s’ils sont perdus.
Un futé ce Horace.
Morale de l’histoire :
Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire la limace,
Celle-là, fallait bien qu’un jour je la place
Alors moi aujourd’hui je vous dis tout de go
Soit libre comme une limace, ne deviens pas un escargot
(mix de différentes citations réécrites pour l’occasion)
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