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Bon… j’ai égorgé un poulet (surgelé hein, j’en ai pas trouvé de frais), j’ai fait bruler deux trois cierges (heuuu… juste deux bougies à la citronnelle, le curé a refusé de me refiler son stock, ça serait péché et puis c’est la réserve de secours en cas de cyclone), j’ai récité deux Avé et trois Pater (le texte était approximatif, je ne me souvenais que du refrain), ayééé, je suis prête, je peux vous parler du QUIMBOISEUR…
Attention, tout ce que vous allez lire est la vérité vraie…
Bon,déjà, savez-vous ce qu’est un quimboiseur ?? Non ? Alors, pour faire simple on va dire que c’est un personnage énigmatique, entre le sorcier vaudou, le mystérieux chaman, le guérisseur plus fort que Doctissimo et le magicien du plus grand cabaret du monde…
En gros, le mot Kenbwa désigne la sorcellerie en créole, et trouverait ses origines dans le terme « Kimbwa » qui signifie « connaissances » en langue kikongo (langue bantou africaine) ou dans le terme « tiens bois ». En effet, les rituels quimbois sont souvent liés au règne végétal, et utilisent décoctions et autres tisanes plus ou moins maléfiques, à des fins plus que douteuses. En Martinique, comme en Guadeloupe, ou la population est à 85% catholique, peu de personnes évoquent les quimboiseurs, étroitement liés au diable. Pour cette raison, on les surnomme les « gens gagés » : des sorciers engagés, liés par un pacte avec le diable. On évite le sujet, c’est plus sûr, d’où le poulet égorgé et tout le tin touin…
Le quimboiseur est un des nombreux symboles de la culture antillaise, ses origines remontent à la nuit des temps et chacun ici connait une histoire liée au quimbois. Il détient le savoir, c’est le maitre de la connaissance, il peut ainsi décrypter l’incompréhensible, trouver un sens à tout et n’importe quoi, il est l’interprète des Dieux, même Nelson Montfort n’y arrive pas à la cheville. Pour toutes ces raisons, le quimboiseur est très respecté sur nos îles, il est craint et admiré à la fois.
A l’instar du chaman, le quimboiseur est un personnage « sauvage » dans le sens où, pour entrer en pleine relation avec la nature, il doit vivre au plus près de cette dernière. Il vit donc souvent isolé en pleine nature, à l’écart du monde moderne.
Si vous avez un problème à régler avec la malchance, votre belle-mère (encore elle !) ou la maitresse de votre mari, il est temps de le rencontrer. Idem, si vous souffrez d’une maladie que rien ne semble guérir, il a tous les atouts nécessaires pour vous remettre sur pieds de par sa grande connaissance des plantes médicinales antillaises.
Les martiniquais font donc appel à lui pour des protègements, véritables rituels de protection, pendant lesquels le quimboiseur leur confiera un talisman à accrocher au fond de leur slip ou dans leur soutien-gorge (véridique), l’aspergera d’eau bénite pour le désenvouter si le besoin s’en fait sentir ou lui fera ingurgiter un excellent philtre d’amour s’il n’arrive pas à pécho la voisine.
Si vous souhaitez envouter votre percepteur, allez le voir, il vous préparera sans doute une préparation quelque peu étrange, faite de crapauds morts, de pattes de poulets avariées, de queue de serpent, de sel, de poivre et de quelques herbes locales. Installez ça devant la maison de votre cher trésorier, s’il enjambe le paquet, PAF, il sera sous l’emprise du sortilège.
Bref, le quimbois existe toujours en Martinique, comme de nombreuses croyances.
Savez-vous, par exemple, qu’il vaut mieux dormir avec une culotte à l’envers si vous ne voulez pas être la proie du Dorliss, être maléfique qui profite de la nuit pour abuser des jeunes filles ? Il ne faut pas non plus trainer à la croisée de 4 chemins, lieu de prédilection des sorciers qui y déposeraient des petits paquets bourrés de maléfices (et de tout autres trucs bien pourris), les bluesmen le savaient depuis longtemps. Béni soit l’inventeur du rond-point, moi je vous le dis ! Aaaaameeeenn !
Ah oui, autre chose, savez-vous que, le soir du 31 décembre, on effectue un « bain démarré » afin de chasser toutes les malchances de l’année passée ? On se retrouve à l’embouchure d’une rivière et plouf, un bon bain de minuit et le tour est joué. Enfin, non, pas tout à fait parce qu’en suivant, il ne faut pas oublier de se frotter avec une queue de morue pour se débarrasser pour de bon des mauvaises influences de l’année écoulée. Le plus difficile étant de trouver de la queue de morue, tout autre appendice ne faisant pas l’affaire, désolée. Un fois rentré, un petit bain de plantes douces et aromatiques et voilà une bonne année qui s’annonce.
Vous allez me demander si je crois à toutes ces histoires ?
Ben… demandez au poulet !
Morale de l’histoire :
Si tu veux t’éloigner des virus reste confiné, c’est quand même plus sûr que de se faire quimboiser, à moins que tu ne sois amateur de produits avariés.
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