Le Diamant

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Allez, aujourd’hui, je vous emmène en balade autour du rocher du Diamant …
Il fait beau, la mer est belle, vous naviguez, en père peinard, et d’un coup, devant vous un bâtiment de la Royal Navy, ils sont à quelques centaines de mètres de vous et se mettent tous à vous saluer et à envoyer les sirènes. Avouez … ça flatte.
En réalité, ils viennent de saluer un de leurs anciens bâtiments, le HMS Diamond Rock (HMS pour Her Majesty’s Ship), en gros l’équivalent américain de l’USS Saratoga. Le navire américain a coulé il y a des lustres, le Diamant lui est toujours là, mais les deux servent maintenant d’abris aux poissons.
Et oui, vous êtes devant le Diamant, ancien vaisseau de guerre de sa majesté George le troisième.
Un petit retour dans le temps, replaçons les choses dans le contexte. D’un côté Napoléon, de l’autre George, et tout ça sous fond d’indépendance de la jeune Amérique.
Depuis Louis croix bâtons vé (XIV quoi, disons les choses simplement), la perfide Albion fait tout plein de misère aux mangeurs de grenouilles. Bin ça va pas s’arrêter en si bon chemin et ça perdurera plus d’une centaine d’année. Il y va de la suprématie sur les mers, sur les champs militaires et donc… économiques, ça n’a pas beaucoup changé depuis.
Il fallait bloquer l’économie de la Martinique, pour ça les anglais ont tout simplement empêché les bateaux d’entrer dans la baie de Fort de France, ou les détournait vers Nelson qui les coinçait un peu loin (toute ressemblance avec la situation présente ne serait que fortuite… La preuve il n’y a plus Nelson).
Il fallait donc trouver un endroit bien placé pour y installer une garnison et surtout des canons qui pourront enquiquiner les bateaux qui arrivent.
Sans être grande stratège même moi j’avais trouvé, pffff facileuuuuu : l’endroit idéal sera donc le Diamant. L’heureux élu, James Maurice, s’y est donc installé avec une troupe d’environ 100 hommes. Ils vont monter en haut du caillou et à la main les canons et tout le matériel. Il y aura sous son commandement, des sous-off, des matelots, un chirurgien, un commissaire de bord, et même un lieutenant junior pour commander le petit navire de ravitaillement.
Ben ouai hein, il fallait bien une petite barque pour aller chercher de la nourriture sur l’île, parce qu’à la nage, même si le chef, il nage bien le chef, hein Pithivier, ça fait un peu loin quand même. Des vivres, de la poudre et des munitions furent donc apportées sur le rocher, depuis la Martinique, où elles étaient achetées aux habitants « sympathisants ». De grandes citernes furent construites sur le rocher pour stocker l’eau potable. Les hommes risquaient à tout instant de tomber depuis les hauteurs du caillou ou d’être mordus par les trigonocéphales, serpents très dangereux, à l’époque nombreux sur le rocher.
Pendant près d’un an les hommes de la perfide Albion vont tenir la dragée haute aux assaillants. Un problème de logistique me dit-on dans l’oreillette, une sombre histoire de moyens d’abordage demandés, (commandés en Chine ?) qui sont arrivés 2 ans plus tard, un truc impensable quoi… De la science-fiction.
Enfin, en 1805 revenons à la contre-attaque de l’empire Franco-Espagnol, sur les tout plein méchants anglais.
Durant plusieurs jours, les anglais défendirent le rocher ardemment mais ils furent contraints à l’abandon pour deux raisons, d’abord ils n’avaient plus de munition, rien que ça, ça calme, et un boulet facétieux s’en est pris à leur citerne d’eau. Le commandant britannique décida de se rendre lorsqu’il comprit que ses hommes ne pourraient plus boire autre chose que leur urine. Beurk.
Ce qui est cocasse c’est que le rocher du Diamant étant considéré comme un navire de sa majesté, et tout capitaine qui perdait son navire, devait être jugé par une cours martiale, coup de bol pour lui, il fut acquitté.
Nommé ultérieurement « HMS Diamond Rock » le rocher est, encore actuellement, salué par la marine britannique comme s’il s’agissait d’un navire de guerre.
Fin de la partie « retour vers le passé ».
Aujourd’hui, les cicatrices du Rocher du Diamant sont toujours visibles. Mais ce qui en fait sa richesse est tout autant au-dessus de sa surface qu’en dessous.
Avec Kawan Plongée on va sur le site du Diamant tous les jeudi matins. Notre bateau mouille là, tout près du majestueux caillou… déjà, de loin, il scintille de mille feux, un bijou de sel et de roche, un majestueux récif posé là, au milieu des eaux couleur turquoise de la mer des Caraïbes .
Quelques oiseaux virevoltent tout autour de ce rocher emblématique de la Martinique… Il faut dire qu’ils sont tranquilles là, jamais personne ne vient les embêter puisqu’il s’agit d’une zone ornithologique protégées donc, personne n’y met les pieds… En tout, on estime qu’un millier d’oiseaux marins fréquentent le Rocher, dont plus de 300 couples nicheurs !
Ici, vivent des frégates superbes, elles peuvent atteindre 2.40m d’envergure. C’est d’ailleurs l’un des plus grands oiseaux de monde et, ce qu’il y a de sûr, le plus grand des Antilles. Bien que vivant à proximité immédiate de la mer, il ne peut se poser sur l’eau, ses plumes ne sont pas imperméables, c’est un peu couillon pour un oiseau marin. Du coup, difficile de trouver à manger dans cet environnement allez-vous me dire !
Ben non, il suffit d’attaquer en vol les autres piafs qui ramènent leur pitance dans leur bec.
On peut aussi voir des Phaeton à bec rouge ou jaune, ou paille en queue (nom local), très bel oiseau au plumage blanc à la longue queue, des Sterne bridées, qui adorent gober les poissons volants, des Moines (pas ceux qui font le fromage en plastique de la pub hein) avec leur robe chocolat et leur calotte argentée sur la tête, et enfin le Fou brun, que l’on peut voir plonger à toute vitesse pour attraper poissons ou calamars.
Bon, en revanche ils sont assez maladroits lors des décollages et atterrissages, c’est quelquefois un peu aléatoire… A croire que Disney a fait un stage sur le rocher avant de créer l’albatros de Bernard et Bianca…
Allez, on n’est pas là pour flâner le nez en l’air, un petit plouf… et laissez-vous emporter par la magie des lieux…
Les eaux qui entourent le Diamant sont claires et limpides, dès les premiers coups de palmes, vous serez éblouis par ses fonds sous-marins…
La paroi du rocher est magnifique, chargée de gorgones majestueuses, des coraux de toutes sortes, les couleurs s’emmêlent et s’entrechoquent, au milieu de nuées de petits poissons multicolores. Descendez encore un peu, glissez parmi les bulles, faufilez-vous entre deux énormes patates de corail, flirtez avec l’apesanteur, laissez-vous guider par le courant…
Sans doute croiserez-vous quelques tazards ou barracudas, en quête d’une demoiselle à croquer. Une tortue viendra peut-être croiser votre chemin, imperturbable, placide, elle s’en ira vers d’autres aventures… Des milliers de poissons, bleus, argentés, rouges ou dorés vous inviteront dans leur royaume enchanté. Doucement, continuez votre chemin pour trouver la faille…
Laissez-vous surprendre par les claquements des vagues, plus haut, sur la roche, la houle qui tape contre le rocher et qui résonne dans tout votre corps. Le courant jouera peut être avec vous, il est taquin le courant du Diamant, il va, vient, change de direction pour mieux vous surprendre. S’il est là, ne luttez pas, approchez-vous du sol afin de vous en abriter et apprenez à le connaitre, et à ressentir et profiter de sa force, c’est ce qui vous permettra d’avancer sans vous épuiser.
Allez, prenez en plein les yeux, bullez et laissez-vous aller, la nature est si belle ici… Poulpes, crabes araignées, poissons chevaliers, perroquets, diodons, raies, maniocs, colas…. ils sont tous là, c’est leur monde et ils nous invitent à entrer dans leurs danses…
Ça y est vous avez bien déconfiné, oups pardon, décompressé ? Il est temps désormais de rentrer… Laissons poissons et crustacés, tortues et coraux, et revenons à la surface, d’ici quelques semaines, nous repartirons à la conquête de ce magnifique spot, le plus beau spot de plongée de la Martinique…
Morale de l’histoire… « When the seagulls follow the trawler, it’s because they think sardines will be thrown into the sea. » Oui je sais ça n’a rien à voir mais c’est la seule chose que je trouve drôle en anglais… Heuuu non en fait c’est la seule phrase que j’arrive à comprendre… Merci Canto !

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