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Aujourd’hui, quelques mots sur notre ami Léon le Diodon (ou poisson porc épic).

Le diodon, c’est mon préféré, avec sa gueule de personnage de dessins animés, il est adorable ! On le trouve dans nos eaux caribéennes, dans de faibles profondeurs, entre 2 et 30 mètres, quelquefois un peu plus. Son espérance de vie est d’environ 10 ans. Il existe une vingtaine de diodons différents, tous issus de la même famille des Diodontinae.

Le diodon est un bon gros pépère, sa tête est large, ses yeux sont globuleux mais tellement tendres, son corps est oblong et pourvu d’épines rabattues vers l’arrière. Il n’a que deux dents, une en haut et une en bas, mais assez robustes pour casser carapaces et coquilles de crustacés, oursins et coraux. Son nom, diodon, vient d’ailleurs de là : deux dents. Avec sa bonne bouille on a souvent l’impression qu’il nous sourit !

Léon est tellement sympa qu’on a toujours envie de lui faire un gros câlin. Attention, Mesdemoiselles les sirènes en manque de tendresse, il ne faut pas gonfler Léon avec vos envies de poutoux affectueux ! Le diodon n’est pas un poisson facile, il est craintif, et s’il a peur, il va se gorger d’eau (ou d’air s’il est en surface), va ainsi augmenter son volume de 40% et déployer ses épines. Un peu comme un bon vieux corona-aquatique… Mais attention, pas d’amalgame, il ne va pas contaminer la terre entière, tout juste ses prédateurs car en plus de se hérisser, Léon, quand il a la trouille, sécrète une toxine appelée tétrodotoxine. Le spécimen le plus connu pour ce danger est le Fugu, qui vit dans les mers japonaises et fait la joie des mangeurs de sushis de là-bas

Ainsi gonflé, il remontera à la surface et sera désormais la proie des oiseaux (tant pis pour eux, qui s’y frotte s’y pique) ou pourra se faire hacher menu menu par l’hélice d’un bateau ou tout autre engin flottant, et là, les épines du pauvre Léon ne lui serviront pas à grand chose. Tout ça pour le bisou d’une sirène ou pour assouvir les expériences gonflées d’un plongeur, c’est un peu ballot.

Donc, on fait attention, c’est un poisson fragile, on ne l’enquiquine pas pour le plaisir de le voir tout rond et s’envoler tel un ballon ! Il se dit qu’il n’a la faculté de se gonfler que quelques fois dans sa vie, cet exercice ayant des répercussions sur son rythme cardiaque, raison de plus pour ne pas l’effrayer.

Pour autant, il est facile d’entrer en contact avec Léon tout en évitant de le stresser. Enfin, surtout le vieux Léon, le jeune est trop craintif et reste planqué dans des anfractuosités rocheuses ou coralliennes. Le diodon adulte est certes peureux mais c’est un poisson curieux, et , s’il en a envie, il s’approchera de vous tout doucement, si vous faites preuve de délicatesse et de patience, si vous ne bullez pas comme un grizzli tropical trop stressé par la proximité de cette adorable bestiole. Il ne faut pas allez vers Léon et « provoquer » la rencontre, il faut juste respecter son bon vouloir.

La nuit par exemple, il viendra vers vous, attiré par la lumière de votre lampe. C’est d’ailleurs une expérience assez extraordinaire de le voir s’avancer, l’œil globuleux, le regard pailleté et sourire aux lèvres, un air amoureux un brin couillon. On dirait mon ex en train de quémander un câlin après avoir un peu trop picolé.

Tendez tout doucement votre main (au diodon, pas à mon ex hein), il s’en approchera certainement… Au bout d’un moment, bougez un peu vos doigts et chatouillez lui le ventre, il adore ça, il viendra se frotter à vos mains pour en redemander ! Là encore allez-y doucement, avec délicatesse, même mon mari dont la délicatesse n’est que légende, y arrive, alors ça ne devrait pas vous poser de problème…

Léon le diodon aura l’ âge de draguer et de procréer quand il atteindra la taille d’environ 30 cm. Lorsqu’il jette son dévolu sur une belle dame diodon, il l’accompagne pendant plusieurs jours alors qu’il est, en temps normal, très solitaire. Il est d’ailleurs triste de voir un diodon rester auprès de sa belle, prise au piège d’un filet ou d’un casier de pêche. Il reste là, tout près d’elle, pendant des heures, au risque de se retrouver lui aussi prisonnier du filet.

La reproduction des diodons est externe : maman diodon déverse ses œufs dans l’eau et Léon vient les féconder. L’éclosion a lieu au bout de quatre jours, les larves sont jaunes et rouges, possède une bouche, des yeux et une vessie natatoire (remplie de gaz), qui leur permet de flotter entre deux eaux. Elles sont recouvertes d’une fine coquille qui disparaitra en une dizaine de jours pour laisser place à ses épines. Au bout de trois semaines, le petit Léon changera de couleur et deviendra plus terne, couleur sable tacheté de noir. Il aura alors toutes ses dents, oui je sais, il n’en a que deux mais quand même, mon grand-père ne peut pas en dire autant. Bon, en même temps, il y a longtemps qu’il ne parle plus mon grand-père.

Durant toute leur adolescence les diodons restent pélagiques, ils nagent donc dans de faibles profondeurs et se planquent souvent dans les sargasses pour s’abriter des prédateurs. Lorsqu’ils grandissent, ils deviennent des poissons benthiques qui vivent au plus près du substrat (le fond quoi, ou une belle patate de corail) tout proche du garde-manger pour faire simple.

Voila donc la petite histoire de Léon le diodon, mon préféré de tous les poissons !

Morale de l’histoire :

Ne pas se fier aux impressions, un mec peut avoir la gueule d’un amoureux un peu couillon et être plus con qu’un diodon, inversement, un poisson peut avoir la gueule d’un amoureux un peu couillon et se faire gonfler par un gros con…

 
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