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Bonjour les amis ! Encore un petit tour dans nos eaux martiniquaises pour partir à la découverte des coraux.
Alors, pour le prénom… hummmm, bon la corail on va l’appeler Mario, parce que Mario ça rime avec corail… enfin avec coraux, et comme il en existe beaucoup des corails, on va dire que Mario est un coraux…. Pfiouuuu mon ancienne instit doit se retourner dans sa tombe… ah ben non elle s’est faite incinérée… Houllla ça commence fort.
 

Bon alors le corail qu’est ce que donc ?
Le corail, comme les éponges, ce sont des animaux, même si Mario ne ressemble pas plus à une chèvre que Bob à un doberman. On retrouve des fossiles de coraux datant de plusieurs centaines de millions d’années. Aristote les classe avec les méduses et les anémones, Théophraste en parle comme des pierres précieuses, Ovide explique qu’il s’agit d’algues molles qui durcissent à l’air, Dioscoride les considère comme des plantes aquatiques.
A leur décharge, les naturalistes et philosophes de l’époque vivait essentiellement en bordure de méditerranée ou atlantique et ne connaissaient qu’une infime partie du monde corallien (ben oui, peu de personne venaient dans les Antilles à cette époque-là, et elles avaient tort !) et je vois mal Aristote mettre le nez dans l’eau pour disserter avec du corail.
Malgré le fait qu’Al Biruni, dans les années 1000, ait finalement classé Mario dans la case animale (au motif qu’il semblait répondre au toucher), en occident, il continue d’être assimilé à des “plantes pierreuses”, mais bon… rien à voir avec les fleurs de macadam.
Après moultes polémiques, c’est en 1730 que le corail est définitivement placé dans la classe des animaux. Bon cela n’empêchera pas un zoologiste célèbre (Addison Emery Verrill) d’annoncer en 1865 que c’est le sang des méduses qui produit le corail rouge, confirmant ainsi la mythologie grecque, après, l’ouzo faut pas non plus trop en abuser. Il parait même que la marmotte mettrait le chocolat dans l’papier d’alu, mais ça, c’est une autre naturaliste Milka qui en parle bien plus tard, et bien que tout aussi passionnant, ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui.
Bref, de tout temps le corail a fait parler de lui, on lui a attribué des pouvoirs qui permettraient de retrouver la paix intérieure ou de calmer les émotions. Il a longtemps été le garant de récoltes fertiles ou a servi de méchantes Carabosse. Sur les bateaux, il était censé éloigner la foudre des mâts.

  
Aujourd’hui, le corail fascine toujours autant et les chercheurs ne cessent de vouloir mieux le cerner. Il est vital pour les personnes vivant tellement précieux pour nous les humains. Ben oui, Le corail sert de nourriture, d’habitat, de nurserie, de terrain de chasse, de jardin, de filtreur d’eau, à presque toutes les espèces marines tropicales de la terre. Donc, si plus de corail, plus de poissons et autres espèces marines ! Il protège aussi nos côtes de la houle, et ça aussi c’est important.
Cela dit, l’homme s’est aussi beaucoup servi du corail qu’il trouvait… joli. Le corail rouge a longtemps été très prisé des femmes qui le portaient en pendentif ou en boucles d’oreilles. Aujourd’hui, il ne reste une vingtaine de corailleurs, dont neuf en Corse, ce sont les seules personnes, qui, par arrêté préfectoral, ont le droit de le récupérer.
Le corail a aussi été utilisé en médecine, l’ex beau-père d’Éric, qui avait malencontreusement rencontré un morceau de grenade pendant la guerre d’Indochine (pfff il avait des jeux cons quand même), était doté, depuis, d’une magnifique prothèse du genou faite en corail. Il doit toujours l’avoir, c’est d’ailleurs l’une des rares choses qui doit rester de lui à ce jour…

Alors, comment sont formés les coraux ? Si je vous dis que ce sont des cnidaires qui ne se présentent que sous la forme de polypes…
Là, je sens que j’en ai perdu la moitié…
Bon, là encore on va essayer de faire simple, ce sont des animaux fixés, donc qui ne bougent pas, caractérisés par un exosquelette calcaire (donc dur et extérieur du corps, IRON MAN quoi…) ou protéinique (donc mou). Ces bestioles vivent en colonies appelées polypes, qui sécrètent leurs propres exosquelettes pour former une sorte de « colonne vertébrale » appelée squelette colonial. Pour grandir, chaque polype construit une « logette » de calcaire, puis, une fois terminée, il se hissera à l’intérieur pour en reconstruire une autre à côté. Chaque espèce de corail a sa propre forme de squelette.
Donc pour résumer pour les retardataires, un squelette ne se voit pas à l’œil nu (sauf gros accident), un exosquelette au contraire, lui, est visible. Lorsqu’on regarde un corail, ce que l’on voit, c’est l’exosquelette, les bébêtes, elles sont à l’intérieur. Le corail dur est aussi appelé « constructeur de récifs », il est à l’origine de la barrière de corail par exemple.
Les coraux vivent en compétition avec de nombreuses autres espèces, dont les algues et bactéries, mais aussi avec les éponges. La compétition est spatiale, (si du corail s’installe à un endroit donné, il s’étalera et empêchera certaines autres espèces de s’y installer), mais aussi allélopathique, allélo quoi ?
Pas de panique, c’est juste la propriété qu’ont certaines espèces de balancer des substances nocives voire toxiques qui vont flinguer les indésirables. Pour l’info, beaucoup de plantes sont utilisées en raisons de leur capacités allélopathique pour éviter d’utiliser de méchants pesticides ou insecticides.
Pour autant, Ils ne sont pas égoïstes et constituent un habitat pour de très nombreuses autres espèces qui y trouvent refuge.
Il existe environ 800 espèces de coraux qui vivent en majorité dans nos mers tropicales. Depuis des décennies, nous ne pouvons que constater la dégradation des récifs coralliens. Ce phénomène est sans doute dû au réchauffement climatique, quoi qu’en dise l’emplumé de la maison blanche… Mais aussi à la surpêche et la pollution. Les coraux sont également touchés par des maladies qui leur étaient inconnues jusqu’à il y a quelques décennies.
Cependant il semblerait que certains coraux soient aujourd’hui moins atteints qu’il y a quelques années, ce qui voudrait dire que le corail « apprend » à se défendre contre de nouvelles menaces. Bon, ça on ne va peut être pas le dire trop fort.
Les chercheurs ont émis l’hypothèse que le corail et ses communautés microbiennes modifieraient leur composition afin de s’adapter à des conditions environnementales changeantes (on pourrait appeler ça de la résilience, Boris Cyrulnik, si tu me lis… oui je sais je suis une ancienne Assistante Sociale qui a ses idoles, bonjour aux copains et copines de l’île).
Le corail seul n’y est pour rien, cette capacité à se défendre n’est possible qu’en relation avec les communautés microbiennes qui vivent grâce à lui. Cette relation entre Mario et les microbes s’appelle l’holobionte (nannn c’est pas l’hologramme d’une blonde pffff, suivez un peu).
Les coraux ont une espérance de vie de plusieurs décennies, pourtant, leur système immunitaire ne fonctionne pas en produisant des anticorps et les chercheurs et autres scientifiques n’ont toujours pas compris comment ils arrivent à s’immuniser contre certaines maladies.
La plupart des coraux se reproduisent de manière sexuée. Cette reproduction se fait sur une période très courte, à peine quelques jours par an. Bon, à quel âge Mario peut procréer ? Binnn ça dépend, un peu comme le fût du canon quoi, il leur faut … un certain temps. Et là, il y a une bonne partie d’entre vous qui se demande ce qu’est cette histoire de fût du canon, ben si vous étiez vieux, vous sauriez. Voilà.
En gros c’est la taille de la colonie est son développement qui va servir d’indicateur, du genre : « j’ai assez dépensé de temps et d’énergie pour pousser, bon … Et maintenant si j’allais chercher l’amour ». Bon, sans donner d’âge précis il faudra quand même bien compter au moins 4 à 5 ans.
En revanche, si pour des raisons de tempête les coraux se brisent, toute activité sexuelle sera stoppée et l’énergie sera mise à la reconstitution des parties manquantes. D’autres phénomènes comme le blanchiment des coraux, le réchauffement climatique ou l’augmentation de la température océanique vont aussi influer sur le taux de reproduction. Et eux n’ont pas eu de jeans trop serrés…
Donc, un beau jour, ou peut être une nuit, enfin plutôt la nuit d’ailleurs (Béa, alors ???) il va y avoir relâchement des gamètes mâles et femelles. Cette nuit-là, très prisée par les plongeurs, il va… neiger à l’envers, gamètes et œufs vont être rejetés en masse et en même temps. En règle générale cela se fait après la première pleine lune d’été, mais aussi fonction de la marée et de plein d’autres choses, les marées, la température, si les chaussons roses et bleus ont été tricotés, enfin vous voyez bien quoi. Ce qu’il faut retenir, c’est que cette ponte se fera de manière synchronisée.
Pour les grands timides, et il y en a, ne vous moquez pas, le mélange des gamètes se fera de manière plus discrète, à l’intérieur du polype, et un peu plus tard, il y aura éjection de toutes petites larves que l’on appelle des planulas, ces Mario bébés rejoindront le plancton en surface.
En ce qui concerne la reproduction asexuée, on nage en pleine science-fiction, ce n’est ni plus ni moins que du clonage. Le patrimoine génétique est totalement identique entre les différents frangins et frangines mais aussi avec les parents.
Voilà donc pour les généralités concernant les coraux… pfiouuuu j’en suis déjà à trois pages… parlons maintenant des coraux d’ici, en Martinique.
Pour la première fois en France, un arrêté ministériel en date de 2017, protégeait seize espèces de coraux scléractiniaires (coraux durs) en Guadeloupe, Martinique et à Saint-Martin. Il est depuis interdit de mutiler, détruire, remonter à la surface et vendre ces espèces.
L’état de santé général des récifs coralliens dans la Caraïbe est particulièrement préoccupant d’autant plus que les espèces de coraux qui les construisent sont endémiques à la région, c’est-à-dire qu’elles ne se retrouvent pas dans les autres mers tropicales du globe.
En collaboration avec l’Asso-mer et différentes administrations telle que la Mairie de Sainte Luce, Kawan Plongée et d’autres centres de plongée partenaires participe à leur niveau à la protection des coraux. Ainsi, nous travaillons au bouturage des coraux depuis plusieurs mois. Acropora cervicornis (cornes de cerf) est l’espèce qui a été choisie pour cette aventure. Ce sont des coraux que l’on ne trouve plus que du côté atlantique, ils risquent de disparaître en cas de fortes houles ou de cyclone. Ces deux espèces figurent sur la liste rouge de l’ l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), autant dire qu’il faut pas mal d’autorisations pour seulement les déplacer. Si on vous chope avec un morceau de corne de cerf dans vos poches, vous allez douiller graaaaave. Un peu comme si vous vous promeniez avec un tigre blanc en laisse quoi !
Les scientifiques ont privilégié cette espèce parce qu’elle a une croissance rapide (10 à 15 cm par an), ce qui n’est pas le cas pour tous les coraux bien au contraire (1cm par an environ) En 2015, des boutures ont été prélevées côté atlantique, où quelques colonies avaient été repérées. Elles ont ensuite été placées en « pépinière » sur des supports PVC ou béton, au large de la ville du Diamant. Pendant trois ans, l’Asso mer a veillé à la bonne santé de ces boutures, les a multiplié et entretenu jusqu’au moment où les fragments ont pu être implantés sur nos spots. Le but du jeu est de multiplier les colonies côté caraïbes, ces espèces-là ayant quasiment disparu depuis plusieurs années.

Depuis quelques mois donc, nous avons installé des dômes sur plusieurs sites de plongées. Ces dômes en ferraille sont installés à faible profondeur, sur des spots relativement bien protégés de la houle et du ressac, mais aussi des limons déversés par la Rivière Pilote toute proche. Nous avons donc, sous l’égide de l’Asso-mer, prélevé des boutures sur la pépinière du Diamant et les avons amenées sur site avec moult précautions et suivant un protocole bien précis. Nous avons ensuite fixé les boutures aux dômes, juste à l’aide d’attaches . En temps ordinaire, donc on va dire hors période de confinement, nous allons vérifier que tout va bien, à l’aide d’une brosse à dents, nous les dépoussiérons en enlevant les micro-algues qui tentent de s’installer à leur place. Il faut aussi les mesurer et envoyer nos observations à l’Asso-mer qui nous conseille sur la conduite à tenir par la suite. Bon, autant vous dire que nous avons hâte d’y retourner pour voir si nos boutures sont encore en bonne santé ! D’ici quelques années, nous pourrons voir de nouvelles colonies de ces coraux, qui pourront à nouveau abriter poissons et crustacés.

Morale de l’histoire :
Si après tout ça tu hésites encore à venir plonger, alors là je veux bien devenir curé.

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