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Bon ben aujourd’hui je vais vous parler de Bob, Bob l’éponge bien sûr.
Tout d’abord, Bob, c’est un animal, ben oui Bob, celui du dessin animé, il parle, donc ce n’est pas une plante hein ! Donc une éponge est bien un animal.
Ah ah, vous faites moins le malin, vous qui tous les matins, frottez votre petit corps boudiné avec une vraie éponge qui vient de la mer hein… Ben vous vous frottez le minois avec un… animal mort… Outch ! regardez votre chat et imaginez faire pareil avec lui… Non, non, n’essayez même pas d’imaginer…
C’est vrai qu’une éponge, ça ne ressemble pas franchement à une cochon d’inde ou un doberman, et vous allez avoir du mal à l’apprivoiser ou à lui apprendre à faire caca dans le caniveau.
En fait, Bob est un organisme multicellulaire mais n’a pas de cerveau, pas d’appareil respiratoire, pas de bouche, pas d’anus, pas d’appareil génital non plus. En revanche, ce sont certainement les animaux les plus anciens de la planète, en effet, ils sont apparus il y a plus de 600 millions d’années. Alors que le premier Doberman, lui est né à la fin du XIXeme siècle.
Tiens, le saviez-vous ? C’est Monsieur Doberman, un collecteur d’impôt allemand, qui a décidé de créer cette race de chien, croisement entre plusieurs races différentes du genre Rottweiler. L’objectif était de trouver un molosse assez impressionnant et agressif afin de le protéger lorsqu’il partait faire sa collecte. Bon, si vous emmener votre éponge en laisse lors de votre prochaine visite chez votre banquier, je ne pense pas que vous lui fassiez vraiment peur… Quoique…
Revenons donc à Bob. Ce dernier n’a pas beaucoup évolué depuis des millénaires. On le trouve dans toutes les mers du globe et même les lacs et les rivières. Selon de récentes études, les éponges peuvent atteindre des âges très avancées. Des Jeanne Clamant des mers, voire de la planète. Elles pourraient vivre entre 1 500 et 13 000 ans dans certaines eaux froides du globe. Il en existe environ 10 000 espèces, 70 ont été répertoriées en Martinique.
Ici, on trouve des éponges barriques (ou tonneau), des éponges encroutantes, des éponges cordes (ou tube), elles ont des couleurs diverses, rouge, jaunes, violettes, ou blanches… Dans tous les cas, Bob reste un animal dit « simple » puisque dépourvues d’organes et de tissus musculaires.
Alors si Bob n’a ni queue ni tête, pas de cul et pas de cerveau, comment est-il constitué ? En fait, l’éponge est constituée de deux feuillets de cellules, séparées par une espèce de gelée. La couche externe est composée de cellules munies de cils, les flagelles, que Bob active afin de brasser l’eau, et d’une collerette qui capture les nutriments.
Si vous approchez votre bouche d’une éponge barrique et que vous soufflez contre sa paroi, vous verrez des millions de bulles sortir des cellules de l’éponge… Oui mais en fait, c’est pas une bonne idée, ne le faites pas, certaines éponges sont assez urticantes, vous risquez de ressortir de là avec la bouche ultra botoxée d’Emmanuelle Béart…
La couche interne est composée de spicules, qui est, pour faire simple, la structure de Bob, son squelette. Les spicules vont jouer un rôle important dans la détermination des éponges, tant par leur nature, calcaire ou siliceuse (le silice, c’est en gros du sable, on en fait du verre) , que par leur forme. Suivant la forme de ces spicules siliceux, l’éponge sera alors classée dans les Démosponges ou dans les Hexatinellides. Qu’est-ce que vous allez faire comme progrès au Scrabble !
L’éponge dont vous ne vous servez sous la douche est riche en spongine, ce qui la rend souple et agréable au toucher. Avant d’atterrir dans votre baignoire, elle a été lavée, trempée dans une solution acide, Après avoir été bien rincée, il n’en reste que le corps mou, élastique, et percé de petits pores, la voilà votre éponge de salle de bain ! Mais bon, c’est quand même un animal mort…qui peut absorber 50 fois son poids en eau.
Alors, cette éponge là ne se trouve pas dans nos eaux, mais plutôt en méditerranée, atlantique et mer du nord. Mais il est intéressant de savoir qu’elles ont longtemps servies à tout plein de chose, en dehors de la toilette.
Ainsi, les plongeurs de l’antiquité s’en servaient pour se boucher les oreilles et les narines. Jusqu’au début du XIXeme siècle, les femmes l’utilisaient comme contraceptif, allez hop, un petit morceau dans le vagin et, c’est sûr (heuuu ou presque) pas de bambin. Pour amortir les chocs, on la plaçait aussi sous les casques et les armures de nos preux chevaliers… Bref, l’éponge a de tout temps été très utilisée par l’homme. Avec l’arrivée des éponges synthétique la production mondiale est passée de 1340 tonnes dans les années 30, à 177 tonnes en 1977.
Alors, mise à part ça, elle sert à quoi l’éponge, là, au fond de l’eau ? Ah c’est sûr, Pépé le poulpe ne va pas utiliser un bout de Bob comme préservatif. Par contre, la tortue s’en délecte souvent (de l’éponge, pas du préservatif du Pépé), tout comme le poisson perroquet qui adorent croquer les éponges tonneau.
Sinon, elles sont aussi de formidables filtres aquatiques, ce sont de véritables station d’épuration du monde aquatique. Elles participent aussi à la structuration des coraux, en jouant un rôle de matrice qui rigidifie leur environnement. Les éponges peuvent aussi être de sacrés bons abris pour certaines espèces comme les crevettes ou les larves ou certains poissons qui s’y réfugient régulièrement pour se cacher d’éventuels prédateurs.
Finalement, on peut dire que Bob est multi tâches.
Autre question, comment Bob fait-il pour se reproduire ? Il ne marche pas, ne rampe pas, ne nage pas, ça parait compliquer de pécho la gratounette ! Qui prend la grande qui prend la petite ? (Alors là j’ai perdu pour de bon les moins de 20 ans…)
La question ne se pose pas pour Bob. Tout d’abord il faut savoir que les éponges sont hermaphrodites, donc à la fois mâles et femelles. Du coup, de manière alternative, Bob rejette des gamètes mâles, ou devient éponge « femelle », mais jamais les deux en même temps afin d’éviter la « consanguinité ». Les gamètes s’échappent de l’éponge mâle en une espèce de fumée visible à l’œil nue, emmenées par les courants, la fécondation se fera lorsqu’elles rencontreront l’éponge femelle voisine. Cette dernière incube alors les embryons dans ses tissus et rejettera par la suite des larves, lesquelles se fixeront sur un substrat et se développeront sans l’aide de personne.
Mais Bob ne se reproduit pas seulement de cette manière. Elle peut bourgeonner ou se séparer d’un morceau d’elle même. Lorsqu’une éponge se casse, par le fait de ressac trop violent par exemple, le morceau qui tombe au sol ne meurt pas, elle va tout simplement devenir une nouvelle éponge. Elle est ainsi capable de se régénérer même si les cellules sont complétement écrasées, moulues menu menu, aux quatre coins du jardin corallien qu’on va les retrouver éparpillées par petits bouts façon puzzle, dynamitées, dispersées, ventilées, ben elles vont renaitre, tranquillou tranquillou… Certaines peuvent même être complètement déshydratées et sorties de l’eau pendant plusieurs années puis revenir à la vie une fois replongée dans l’eau.
Du coup, on peut dire que Bob, même s’il n’a pas de cerveau ni de trou de balle, ben on peut l’envier sur pas mal de choses non ? Allez hop, demain je vous parle de… jardinage, et plus particulièrement de bouturage de coraux !
Morale de l’histoire :
Hors de question de me laver ne serait-ce que les mains
Avec une éponge qu’a jamais demandé à finir dans mon bain !
Bon allez c’est décidé, je vais enterrer Bob dans le jardin
Nan j’rigole, j’ai pas d’éponge, juste un vieux gant de crin
D’ailleurs je m’en vais de ce pas épiler le chien du voisin
Ben quoi j’ai pas de cheval sous la main…
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