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Tout d’abord je voudrais vous remercier pour vos gentils messages à l’occasion de mon anniversaire.🥳🥳
J’ai passé une super journée, Eric a voulu me faire un gâteau au Kiri, mais j’en avais plus, on a cherché une vache à Kiri dans le jardin , on n’en a pas trouvé » non plus… on a donc tué le dernier yaourt, cassé des morceaux de sucres avec les dents parce que je n’avais plus non plus de sucre en poudre… Au départ, ce devait être un dessert aux kiri/pommes, ce fut un gâteau banane raisin…. Et il était ma foi, délicieux et il valait tous les moelleux chocolat et autres vacherin fruits rouges gourmands et croquants de Cyril Lignac.
On s’en est mis plein la lampe. Ensuite, Eric a pris sa guitare et il m’a joué du Bob Marley, me suis endormie sur le canapé, telle la tortue échouée entre deux coussins… Au réveil il a dû me masser tellement mon épaule était endolorie, ça aurait pu être érotique, ce fut juste douloureux.
Pour me remettre de tout ça, on a écouté Macron… c’est là que j’ai tenté de me suicider en ingurgitant six rhums cul sec… Je viens juste de rouvrir un œil, le deuxième refuse de se déconfiner, je crois que je vais devoir rester ainsi jusqu’au 11 mai…
Bon, malgré tout, je vais vous raconter une petite histoire, ce sera donc bref, mes idées n’étant pas très claires je dois bien l’avouer.
Aujourd’hui, ce sera le grand barracuda, que nous croisons régulièrement en plongée.
François, le grand barracuda, est un poisson tropical et subtropical. Comme son nom l’indique, il est grand, impressionnant même, n’est-ce pas Auriane ? Son corps est fuselé, il peut atteindre deux mètres de longueur, et peser jusqu’à 50 kg. Il ressemble un peu à un brochet, d’où son surnom de brochet des mers. En fait, les deux ne sont pas du tout de la même famille mais sont tout aussi bons à manger.
Cela dit, évitez toutefois de préparer un columbo de barracuda à votre moitié, François est en haut de la chaîne alimentaire et, de ce fait, pourrait bien être porteur de la ciguatera, pas franchement digeste pour nos petits estomacs fragiles. En plus, ça file la gratte. Si c‘est pour votre belle-mère, à vous de voir… Petite précision toutefois, il n’est pas interdit de le pêcher ici en Martinique, alors que ce n’est pas autorisé en Guadeloupe. A croire que la ciguatera, c’est comme le nuage de Tchernobyl, ça s’arrête aux frontières…
Avec une coloration gris argentée et quelques barres sombres sur les flancs, il faut avoir une vue bien acérée pour pouvoir le dénicher dans le bleu de l’océan. Vous pouvez le voir et pfiouuuu… ne plus le voir en un dixième de seconde, c’est qu’il est rapide le gaillard, énervé, il peut atteindre des pointes à 45km/h. Inutile d’essayer de le suivre même si, à cette allure, il se fatigue vite.
François vit souvent seul, jonglant aisément entre les profondeurs en gonflant et dégonflant sa vessie natatoire tel le gilet de flottabilité d’un plongeur. On le rencontre régulièrement dans la zone des 10 à 25 m de profondeur.
François le barracuda est certes solitaire, mais il ne dédaigne pas frayer avec Madame Françoise de temps à autre. La maturité sexuelle est atteinte pour une taille de 50 à 60 cm, qui correspond à un âge de 2 ans pour les mâles et 5 ans pour les femelles. Les larves et très jeunes juvéniles sont pélagiques, ils flottent entre deux eaux. Un barra passant par là, peut éventuellement en faire son 4h. Les jeunes se regroupent en bancs et vivent camouflés dans la végétation, notamment dans les mangroves, jusqu’à une taille d’environ 30 cm, correspondant à peu près à un âge de 3 ans.
Le grand barra a une grande gueule armée de solides dents disposées en lame de scie, des canines acérées, sa mâchoire inférieure est plus longue que la supérieure. On le croise souvent la bouche ouverte, donc, si vous en voyez un, et qu’il est là, à ouvrir et fermer sa gueule, prêt à vous croquer, ce n’est pas pour vous impressionner, c’est juste pour ventiler ses branchies, et à l’occasion, vous montrer ses belles ratiches !
D’ailleurs, le nom barracuda vient de l’espagnol barraco, “dents qui se chevauchent”, et, lorsqu’il la ferme, sa grande gueule, et bien on peut encore voir deux canines qui en sortent. Une vraie tronche de méchant…
E
n plus, il sécrète une odeur nauséabonde, mais sous l’eau, je dois dire que nous, les humains, ça ne nous dérange pas beaucoup qu’il pue du mucus.
De quoi ne pas être très rassuré quand même lorsqu’on le voit s’approcher, surtout que, comme le dit la chanson, il a de l’appétit le barracuda ! On sait que c’est une espèce vorace qui ne mange que des poissons et céphalopodes, mais bon, quand on le croise il fout un peu les jetons quand même le Francois, d’autant qu’il peut quand même s’attaquer à des requins pointe noire. Autant dire qu’il n’a pas beaucoup de prédateurs.
En plus de ça, il est curieux, le François. Il adore suivre le plongeur, là, en se planquant à moitié derrière une patate de corail. Un peu comme un félin qui attendrait sa proie. En fait, il n’est pas du tout agressif, il veut juste vous regarder, à croire que vos bulles l’hypnotisent. S’il s’approche d’un peu trop près sachez que ces mêmes bulles peuvent lui faire peur, armez-vous de votre détendeur de secours et balancez-lui une bonne dose de bulles entre les deux yeux, il fera moins le malin, et vous, vous pourrez le faire, le malin !
Si vous avez un quelconque outil brillant à portée de main, attention hein, il est très attiré par tout ce qui brille, il pourrait prendre ça pour un poisson et gnack, vous croquer un bout de mollet en croyant mordre la sardine/couteau accroché à votre jambe façon plongeur/Rambo de la fédé. Idem, les chasseurs apnéistes, soyez vigilants et veillez à ce que votre accroche soit relativement longue : si un barra traine, il sera attiré par le sang de vos prises et risque de vouloir vous chiper votre diner.
La morsure d’un barracuda peut être sévèrement douloureuse et peut provoquer des nausées et des hallucinations.
Sur ce, je retourne larver dans mon canapé, j’ai un gâteau à terminer !
Morale de l’histoire :
Si tu manges du barra, de la tête au pied tu te gratteras,
Si tu te fais croquer par un barra, c’est sûr tu hallicineras, des Claudettes tu verras, ce sera temps pour toi de filer chez Zobda*.
*Zobda : notre hôpital !
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