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On ne peut pas parler de la faune et de la flore martiniquaise sans évoquer les tortues. Donc aujourd’hui, nous allons faire la connaissance de Lulu la tortue.
La tortue marine fait partie de la grande famille des Chelonioiidea (rien à voir avec la famille des chelou) , de la classe des reptiles, d’ailleurs, ce sont les seuls reptiles marins. Elles descendent de la tortue terrestre.
Alors question bête… qu’est la principale différence entre la tortue de terre et la tortue de mer… j’attends…. Nan c’est po l’hibernation, c’est que Lulu et sa famille a perdu sa faculté à rentrer à l’intérieur dans sa carapace. Où comment briller dans une discussion en famille…
Les tortues marines se trouvent dans toutes les mers du globe, sauf dans l’océan arctique, logique on se caille les écailles. On les trouve dans des eaux peu profondes mais certaines ont été vues à plus de 100 mètres de fonds, et même beaucoup plus, on a enregistré des records à plus de 1000m pour la tortue luth.
Elles peuvent rester entre 5 et 40 minutes sous l’eau lorsqu’elles chassent. En revanche, la durée est réduite de plus de la moitié lorsqu’elle est stressée particulièrement lorsqu’une horde de décérébrés en masque de télétubbies tendance swimingdead veut l’attraper pour faire un selfie avec elle.
La nuit Lulu dort, si si, protégée par une éponge barrique, cachée dans les herbiers ou dans une grotte. Les tortues ont souvent leurs petites habitudes et retrouvent leur dortoir tous les soirs. On peut en voir complètement affalées dans des éponges trop petites pour elles, tel un fêtard franchement aviné, la tête au fond de l’éponge et les papattes de derrière dépassant du bord du lit… Lulu elle s’en fou, elle assume sa dormitude.
Dans nos eaux caribéennes, vous pourrez facilement croiser deux sortes de tortues, la tortue verte et l’imbriquée. Il en existe d’autres mais qui sont plus rares : la tortue Luth que l’on peut, avec beaucoup de chance, voir sur nos plages pendant la saison de la ponte, la tortue caouanne et l’olivâtre, qui vivent beaucoup plus au large et ne viennent pas à proximité des terres.
La tortue kawan (caouanne), c’est la nôtre, celle de notre logo, celle que nous avons choisie parce qu’elle se trouve à la fois en méditerranée (comme le chef, Eric) et dans les eaux antillaises (ben, comme le chef Eric aussi… il est partout le chef !) donc un petit clin d’œil, un train d’union entre ses origines marseillaises et sa vie dorénavant antillaise.
Nous parlerons donc aujourd’hui essentiellement des tortues vertes et imbriquées, parce que s’il fallait que je parle du chef, il faudrait pondre une trilogie… En même temps vu son joli profil, je me demande s’il n’y a pas une ressemblance flagrante avec Lulu. Quoi !!! vous n’allez pas me reprocher d’être observatrice non ????
Bon, alors, les tortues… c’est chouette une tortue, c’est gracieux, c’est élégant, c’est placide… Oui enfin pas tant que ça, essayez de la suivre lorsqu’elle décide de déguerpir, elle vous mettra la misère. A croire qu’elle a été entraînée par Philippe Lucas…
La tortue verte est la plus commune. Son alimentation évolue au fil de sa vie. Petite, elle est essentiellement carnivore et mange de petits poissons, œufs, méduse et phytoplancton. En grandissant, elle se met au vert et broute les herbiers. Elle n’est toutefois pas tout à fait végan puisqu’elle ingère de minuscules crustacés et mollusques lorsqu’elle grignote sa petite salade. On va dire que c’est pour l’assaisonnement, le vers marin faisant ici office de lardon grillé…Madame est un gourmet….
Son alimentation est pour quelque chose dans son appellation, puisque sa graisse devient verte au fil de sa croissance. Cette graisse et ses cartilages étaient d’ailleurs très prisés par les antillais qui en préparait des soupes aux vertus soi-disant énergétiques. La plupart des martiniquais en ont mangé étant petits. Cela dit, si la tortue verte est comestible, il semblerait que la tortue imbriquée soit porteuse de toxines qui pourraient tuer un homme, ou du moins lui filer gerbe et diarrhée monumentales à vous clouer sur la lunette des chiottes pendant une semaine… En ces temps de pénurie de PQ, ce ne serait pas prudent, moi je vous le dis ! Et puis elles sont protégées alors m’enquiquinez pas….
Elles sont protégées… mais braconnées, Il parait, selon un local de l’étape, que le pénis de tortue est aphrodisiaque et qu’il en mange régulièrement.
…. Hummmm…. Bon… vu sa tête et ses conquêtes amoureuses, à mon humble avis ce n’est franchement pas efficace !
La question qu’on se pose régulièrement c’est : comment reconnaitre la tortue verte d’une imbriquée ?
La tortue verte, d’abord ses écailles sont juxtaposées façon puzzle, ou carrelage (tout dépend de vos occupations de confinés) , ce qui la différencie de la tortue imbriquée, dont les écailles sont comme superposées, un peu comme les tuiles d’une maison.Tortue Imbriquée à gauche, Tortue verte à droite
La tortue verte a un bec rond muni de denticules lui permettant de machouiller les herbes sous-marines. La tortue imbriquée, elle, à un bec plus crochu, qui lui vaut le surnom de tortue à bec de faucon (en anglais elle est appelée « hawksbill »), elle se nourrit essentiellement d’éponges, de coraux mous, de mollusques, de méduses de crustacés ainsi que de petits poissons. On la trouve donc facilement sur des fonds coralliens. En revanche madame ne fait pas la différence entre un sac en plastique de chez Génipa et une méduse, c’est ballot, du coup lors de vos courses, faites attention, rien ne s’échappe plus vite qu’un sac plastique, et une fois dans l’eau la tortue pourrait s’en étouffer.
Autre différence entre les deux sortes de tortue, si vous regardez sa tête de face, vous verrez que la tortue verte a 2 écailles préfrontales qui forment un trait vertical entre les deux yeux, alors que l’imbriquée en a 4. [gap]
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Ça c’est fait, maintenant comment on reconnait le papa de la maman ??? Pour les chtites tortues, demandez à un véto parce que moi…. Je sais pas. En revanche quand elle sont grandes, l’appendice caudal du mâle est plus long que celui de la femelle (pour faire simple, le mâle adulte a un queue plus longue que la femelle, normal quoi !)
Lulu est une fille difficile quoique pas inabordable, du coup il lui faudra attendre ses 20 ans pour commencer à dire à ses parents, « rhôôôô kévin il est trop bôôô » . Si d’aventure un mâle tentait une approche alors qu’elle n’est qu’une petite tortue encore innocente , Lulu commencera par se tenir à la verticale, rendant inaccessible son cloaque à l’opportun, et s’il est lourdingue la belle n’hésitera pas à mordre son prétendant dans le cou, lui infligeant de belles blessures.
#BalanceTaTortue
Le moment venu de procréer, Lulu et son compagnon copuleront pendant plusieurs heures, le mâle s’accrochant comme il le peu à la carapace de la femelle. Lulu peut avoir plusieurs prétendants, qui, de part leur empressement, peuvent provoquer sa noyade… des vraies brutasses ces messieurs tortue… Une fois l’acte consommé, Lulu, à moitié noyée et colère jura mais un peu tard qu’on ne l’y reprendrait plus.
Oui, d’accord, mais bon… D’un côté l’horloge biologique, Dolto et consort et de l’autre un affamé qui manque la néguer.
La nature est bien faite, Lulu va pouvoir stocker les spermatozoïdes dans sa spermathèque et pourra se resservir de son stock tout au long de la saison de reproduction, sans rappeler le 06 de l’affreux, avant deux ou trois ans.
Deux à trois semaines plus tard, Lulu rejoindra la terre pour déposer ses œufs dans des espèces de terriers creusé dans le sable, probablement à l’endroit même où elle est née. Elle peut parcourir 2 000 km pour rejoindre son site de ponte. Pour cela, elle s’aide des champs magnétiques qui l’entourent ainsi que des courants qui l’accompagneront dans sa migration. Il semble aussi que la tortue utilise son odorat et le gout de l’eau pour reconnaître les flux qu’elle traverse. Le premier qui me dit que les nanas n’ont pas de sens de l’orientation va se prendre ma nageoire sur le coin du bec.
La ponte se déroule en général entre mai et septembre, de nuit. Si vous avez la chance de croiser Lulu dans ces moments là, laissez la tranquille, et observez la de loin. Les lumières de vos lampes risquent de la perturber, elle n’a pas besoin de ça.
Le trou creusé par Lulu varie entre 30 et 60 cm de profondeur, elle y déposera entre 50 et 200 œufs de la grosseur d’une balle de ping pong. Une fois les œufs recouverts de sable, Lulu rejoindra l’eau, laissant la nature s’occuper de sa progéniture. Elle pourra revenir jusqu’à trois fois sur son lieu de ponte pour y déposer de nouveaux œufs, tous les 15 jours environ.
Les bébés tortues verront le jour après 48 et 72 jours d’incubation, suivant la température du sol, en cassant la coquille de l’œuf avec leur bec. Des dizaines de minuscules tortues se dirigeront alors avec la mer, sans doute attirés par le scintillement de l’eau. Ah oui, j’ai oublié de vous dire, la tortue n’y voit pas très bien mais elle voit plus de couleur que nous !
Comme vous le savez, les bébés tortues sont peu nombreux à rejoindre la mer, croqués par les oiseaux, certains mammifères ou emportés par les crabes. Une fois dans l’eau il faudra qu’ils évitent les rencontres malencontreuses, au risque de se faire gober par un gros prédateur sans scrupule. Seulement un bébé tortue sur 1 000 atteindra l’âge adulte, qui est de 20 ans.
Le taux de mortalité chez les bébés tortue est donc élevé, mais une fois l’âge adulte arrivé, Lulu n’est pas à l’abri d’une mort précoce. Il n’est malheureusement pas rare d’en retrouver prise au piège de filets de pêche, ou la carapace blessée par une hélice de bateau.
Depuis plusieurs années, elles sont aussi touchées par un virus très dangereux pour elles. La fibropapillomatose (de la famille du papillomavirus) est une maladie qui fait des ravages chez les tortues marines. il s’agit d’un virus de type herpétique.
Les symptômes de cette maladie sont particulièrement identifiable à leurs yeux (un peu comme la cataracte de mon grand père) ou leur cou, souvent dotés de grosses verrues, idem pour mon grand père. Autant dire qu’il est plus prudent de ne pas chercher à toucher les tortues, nous pouvons leur transmettre des maladies en les caressant, mais elles ne sont pas franchement saines non plus… Souvenez-vous du pangolin chinois, un pangolin qui tousse et paf la planète s’enrhume ! Une étude scientifique a montré que 90% des tortues de la région Hawaïenne étaient porteuses de ce virus.
Du coup quand une tortue vous fonce dessus ce n’est pas parce qu’ elle a reconnu en vous un membre de sa tribu (même si vous avez le même profil qu’Eric) c’est seulement parce qu’elle y voit mal. Un jour, alors que nous demandons à nos plongeurs de ne pas toucher les tortues, l’un d’entre eux a carrément pris dans ses bras une grosse femelle complètement miro, qui a ses habitudes au Diamant. Surprise, Lulu a eu peur lorsqu’elle s’est retrouvée dans l’emprise de cette andouille sans cervelle… et lui a décalqué la tête d’un coup de nageoire. Penaud, le plongeur ne s’est pas vanté de cette histoire de retour sur le bateau, mais Eric, lui, ne s’est pas gêné pour raconter l’histoire à toutes les autres palanquées, bien évidemment…
Autre mauvaise idée, évitez de vous accrocher à sa carapace pour vous laisser embarquer par sa surprenante force (elle peut atteindre des pointes à 30 km/h). Mettez vous à sa place, seriez vous totalement à l’aise si un gaillard de 80 kg s’accrochait à votre cou en pleine séance d’apnée, alors que vous ne pensez qu’à remonter pour respirer ? Hé oui, la tortue a elle aussi, besoin de respirer, si vous vous accrochez à elle, elle risque de manquer cruellement d’air et d’y rester. Donc ON NE TOUCHE PAS LES TORTUES !
En cas d’urgence, si vous en voyez une tortue en détresse, n’hésitez pas à appeler le Réseau Tortues, ils sauront répondre à vos questions et se déplaceront si besoin (0696234 235). Ce réseau dépend de l’ONF.